KEPLER

Maxime Sanchez : piano / Julien Pontvianne : saxophone ténor, clarinette / Adrien Sanchez saxophone ténor

Lenteur. Mélodie. Retenue. Kepler est un trio épuré. L'idée est de rendre le son nécessaire. On nous prive souvent d’une forme de beauté froide – là elle est clairement recherchée – en opposition à un monde qui tourne toujours un peu plus vite. La stabilité apparente masque les discontinuités, les ruptures, et invite à une écoute différente.


C’est moins la lenteur des thèmes qui frappe que leur sidérante douceur. Mais cette douceur est pleine de craquelures, de micro-failles, de micro-distorsions. Certes, Maxime et Adrien Sanchez sont les deux frères du trio, mais on constate aussi une gémellité évidente entre les deux ténors, Adrien Sanchez et Julien Pontvianne : ils partagent une manière de tresser une auréole de souffle grésillant autour du son, qui rappelle un peu les vieux 33 tours du siècle passé, ce temps où les gens ne se promenaient pas encore dans les rues en parlant à leur main. Ils jouent des unissons avec de subtils décalages et distorsions. Les compositions, nous l’avons dit, sont d’une grande douceur, mais ne versent jamais dans le mièvre ni dans l’émollient car elles sont intensément habitées. Au piano, Maxime Sanchez a l’art de créer des atmosphères avec trois fois rien, des bouts de nuage, une ombre, une brindille, une plume d’oiseau. Il a cet art aussi, de faire entendre une pulsation swing, plus ou moins prononcée qui est en filigrane dans tout ce qu’il joue. Une musique originale, délicate, d’une grande intériorité. Une magnifique révélation.


Kepler
2019